Credit : @findingpaola
Il y a un moment, parfois fugace, parfois fulgurant, où l’on se regarde dans le miroir et l’on se plaît. Pas pour plaire. Pas pour cocher des cases. Mais pour soi. Pour ce corps que l’on a trop longtemps jugé. Pour cette peau que l’on a voulu cacher. Pour ce sourire, ces hanches, ces cicatrices peut-être, qui racontent tout ce que l’on a traversé.
Tomber amoureuse de soi, c’est réapprendre la tendresse, redécouvrir la sensualité d’un geste lent, la puissance d’un regard assumé, le plaisir d’un vêtement qui épouse nos envies plutôt que nos complexes. C’est choisir d’être belle, sexy, libre et en sécurité dans sa propre peau, comme dans un sanctuaire sacré. Et puis vient cette autre étape. Celle où l’on se dit : Si je me choisis, je ne peux plus choisir n’importe qui.


Dans une société où l’on apprend encore trop souvent aux femmes à être patientes, à “faire des concessions”, à “se poser avec un bon gars” (même s’il éteint leur flamme), faire le choix d’un partenaire qui célèbre, plutôt qu’il ne bride, devient une posture révolutionnaire.
Non, on ne veut plus d’hommes qui trouvent qu’on parle trop.
Non, on ne veut plus s’excuser d’aimer la mode, la sensualité, les discussions profondes à minuit ou les silences pleins d’étoiles. Non, on ne veut plus être “trop”.
On veut quelqu’un qui regarde notre lumière et choisit de briller avec nous, pas de nous tamiser.


Bien sûr, nos cultures sont riches, complexes, pleines de traditions et de rôles codifiés. On nous a souvent dit de “tenir notre foyer”, de “faire attention au regard des gens”, de “ne pas être trop visible”. Mais à quel prix ? Celui de l’effacement ? De la frustration ? De la double vie ?
Et si, au lieu de renier notre héritage, on le réinventait ?
Et si être une femme africaine aujourd’hui, c’était justement jongler avec grâce entre nos héritages et nos rêves ? Porter un pagne avec du rouge à lèvres fuchsia. Être une épouse, une amante, une patronne, une poétesse, une yogi, une mère, ou rien de tout cela, mais à notre façon.


Choisir un compagnon ou une compagne, c’est important. Mais choisir de ne pas se trahir, c’est vital. Le bon amour est celui qui ne dérange pas notre paix, qui ne met pas en doute notre éclat, qui ne nous rend pas “moins”.
Tomber amoureuse de soi, c’est dire non au rabat-joie et oui à la joie pure.
C’est porter ses désirs comme un parfum de luxe.
C’est marcher dans la rue comme sur un podium, avec dans le cœur cette certitude simple et douce :
Je suis suffisante, entière, vivante.
Et si on nous juge ? On sourit. Parce qu’on sait.
On sait que s’aimer, vraiment, est le plus beau des gestes politiques. Et peut-être, le début de la révolution.