Sororité : la résurrection puissante d’un mot oublié

Longtemps enfoui dans les marges de l’Histoire, le mot “sororité” a ressurgi avec éclat dans les discours féministes et les mouvements d’empowerment. Mais d’où vient-il vraiment ? Et pourquoi nous touche-t-il autant aujourd’hui ?

Il y a des mots qui ressuscitent comme des promesses. Sororité est de ceux-là. Tombé dans l’oubli pendant des siècles, ce terme ancien revient aujourd’hui en force, porté par des voix de femmes qui refusent de se taire et choisissent de s’élever ensemble. Dans les récits, les luttes, les poèmes et les slogans, sororité dit ce lien unique entre femmes, fait de bienveillance, de solidarité et de complicité, souvent en résistance face à une société qui les divise pour mieux les dominer.

L’origine du mot nous transporte au Moyen Âge, dans les couvents, là où des femmes vivaient en communauté, liées par la foi mais aussi par un engagement mutuel. C’est le pendant féminin du mot “fraternité”, mais il faudra attendre le XXème siècle pour qu’il reprenne vie, cette fois hors des murs religieux, dans les espaces militants, les universités et les cercles de pensée féministe.

Dans les années 1970, le mot circule aux États-Unis sous sa forme anglaise sisterhood, porté par des figures comme Audre Lorde, Gloria Steinem ou bell hooks. En France et en Afrique francophone, il restera longtemps en retrait.

Ce n’est qu’à l’ère #MeToo que sororité explose. Parce que le mot manquait. Parce que les femmes avaient besoin de se dire entre elles, de se soutenir, de se croire, de s’aimer aussi, dans un monde encore trop souvent bâti sur la rivalité et la compétition.

En Côte d’Ivoire et ailleurs sur le continent, nous avons toujours connu des formes de solidarité féminine. Dans les tontines, les cuisines partagées, les veillées de naissance ou les rites de passage, les femmes s’organisent, se soutiennent, s’écoutent. Mais aujourd’hui, sororité dépasse ces cercles intimes. Elle devient publique, politique, poétique.

Elle se vit à travers des collectifs, des réseaux, des plateformes de mentorat, des projets culturels comme Les Murmures ou ELLE Collective, qui valorisent l’entraide et la transmission entre femmes de toutes générations. Elle se lit aussi dans les prises de parole des artistes, des entrepreneures, des survivantes qui osent dire « moi aussi », et tendent la main aux autres.

Et maintenant ?

Dire sororité, ce n’est pas dire qu’on est toutes pareilles. C’est choisir de s’écouter malgré nos différences. C’est créer des espaces où l’on se sent légitime, belle, libre. C’est refuser la jalousie comme héritage, et préférer la puissance partagée. C’est comprendre que nos blessures ont besoin de douceur, mais que nos victoires ne valent que si elles sont collectives.

La sororité, ce n’est pas un mot tendance. C’est une révolution douce, mais tenace. Un mot pour aujourd’hui. Et pour demain.

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