La maison Jean Paul Gaultier marque un tournant historique en nommant Duran Lantink à la direction artistique permanente. Après plusieurs saisons de collaborations iconoclastes, l’heure est venue pour un nouveau chapitre : celui d’un créateur radicalement libre, porteur d’une vision queer, circulaire et engagée. Et c’est une révolution couture que s’apprête à écrire cet amoureux du chaos élégant.

Duran Lantink n’invente pas à partir de rien, il compose à partir de tout. Son art repose sur l’upcycling et la déconstruction créative, qu’il transforme en un langage de haute intensité : stocks invendus, pièces vintage, vêtements de luxe abandonnés deviennent matières premières d’un vestiaire d’avant-garde. Chaque silhouette est un patchwork maîtrisé, une œuvre unique qui interroge l’identité, la consommation et la mémoire des tissus.

Son approche, à la fois politique et poétique, s’inscrit dans un refus profond du gaspillage et dans une célébration de la seconde vie. Duran Lantink donne du sens à l’existant, là où tant d’autres se contentent de produire plus.

Né aux Pays-Bas, il revendique fièrement ses racines néerlandaises par sa mère et des échos sur une possible origine sud-africaine par son père, non vérifiée. Cette richesse culturelle se reflète dans ses pièces : hybrides, inclusives, décalées. Il donne une voix aux marges, aux corps qu’on ne montre pas, aux récits qu’on efface. Sa mode est une déclaration d’existence.

Il est le créateur du “pantalon-vulve” de Janelle Monáe

En effet, il a fait sensation en 2018 dans le clip PYNK de Janelle Monáe, où il signe une pièce désormais culte : un pantalon rose en forme de vulve, devenu un symbole mondial d’empowerment et de célébration des corps féminins. En un seul look, Duran Lantink a capté l’air du temps, brouillé les normes et offert à la pop culture un manifeste textile d’une audace rare.

Cette nomination trouve un écho naturel dans l’ADN de la maison Gaultier, longtemps portée par la vision d’un Jean Paul Gaultier engagé, joueur et profondément libre. « Je vois en lui l’énergie, l’audace et l’esprit joueur que j’avais à mes débuts : le nouvel enfant terrible de la mode », confie Gaultier.

Lantink, de son côté, considère la maison comme « un temple de la provocation et du savoir-faire », un lieu capable d’accueillir des disciplines artistiques diverses pour créer des mouvements culturels puissants. Son ambition : faire de chaque collection un moment de tension créative entre héritage et insurrection.

Deux rendez-vous sont déjà attendus avec impatience :
– Septembre 2025 pour sa première collection prêt-à-porter féminin.
– Janvier 2026 pour son grand début en Haute Couture, terrain sacré qu’il compte bien bousculer.

Avec Duran Lantink, Jean Paul Gaultier ne perpétue pas une légende : il la propulse dans le futur. Un futur fait de collages, de récits pluri-identitaires et de réinventions poétiques. Un futur dans lequel le luxe n’est plus dans le neuf, mais dans la vérité des gestes.