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La Côte d’Ivoire vient de franchir une étape historique en portant le congé maternité des fonctionnaires à six mois, contre trois précédemment. Une victoire indéniable pour les mères, les bébés et l’équilibre familial. Mais au-delà de cette avancée sociale, cette réforme soulève de nombreuses questions sur l’égalité des genres, la parentalité et l’évolution du monde du travail en Afrique de l’Ouest.
Si cette décision marque un progrès significatif pour le bien-être des salariées, elle pose également la question de son impact sur l’employabilité des femmes. Les entreprises vont-elles voir cette mesure comme une opportunité de favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ou cela risque-t-il d’accentuer les discriminations à l’embauche ?
L’un des défis majeurs reste de s’assurer que cette évolution ne constitue pas un frein à la carrière des femmes. Trop souvent, la maternité est perçue comme un « risque » pour les employeurs. Il est donc primordial d’accompagner cette mesure par une sensibilisation et une adaptation du marché du travail, afin que les femmes ne soient pas pénalisées en termes d’évolution professionnelle et salariale.
Et les pères dans tout ça ?
Ce prolongement du congé maternité amène à une réflexion sur la place des pères dans l’éducation des enfants. Si les mères disposent désormais de six mois pour s’occuper de leur nouveau-né, le congé paternité reste quant à lui très court (généralement de dix jours à un mois, selon les statuts).
Une réelle avancée en matière d’égalité des genres passerait aussi par un allongement du congé paternité. En France, par exemple, il est désormais de vingt-huit jours. Impliquer davantage les pères dans les premiers mois de la vie de leur enfant contribuerait à un meilleur partage des responsabilités familiales et réduirait la pression qui repose encore majoritairement sur les mères.
Peut-on parler d’une réelle avancée vers l’égalité hommes-femmes avec cette mesure ? Oui et non.
D’un côté, permettre aux femmes de mieux concilier travail et maternité est un pas important. D’un autre, si cela ne s’accompagne pas d’une remise en question des inégalités structurelles et d’un soutien aux carrières féminines, cette mesure pourrait renforcer certains stéréotypes. La maternité doit cesser d’être considérée comme un frein à la progression professionnelle des femmes, et c’est l’ensemble du système de travail qui doit évoluer en ce sens.
Les travailleuses domestiques : Les grandes oubliées ?
Un autre enjeu crucial de cette réforme concerne les travailleuses domestiques.
En Côte d’Ivoire, des milliers de femmes exercent comme aides-ménagères, nounous ou cuisinières. Ces femmes, souvent mal rémunérées et dépourvues de protection sociale, ne bénéficient pas des mêmes droits que les salariées du secteur public ou privé formel. Leur accorder un congé maternité digne de ce nom est une nécessité pour qu’elles ne soient pas les grandes oubliées de ce progrès.
L’application de cette réforme aux travailleuses du secteur informel marquerait une réelle avancée en matière de justice sociale. Pour cela, une législation plus protectrice et un véritable système d’accompagnement sont indispensables.
Le prolongement du congé maternité à six mois en Côte d’Ivoire est une avancée significative, mais il ne doit pas rester un acte isolé. Il doit s’inscrire dans une démarche globale de transformation sociétale.
Pour que cette mesure soit pleinement efficace, il est essentiel d’impliquer toutes les parties prenantes : employeurs, syndicats, pouvoirs publics et société civile. L’évolution des mentalités doit suivre afin que la maternéité ne soit plus un obstacle professionnel et que l’égalité des sexes devienne une réalité tangible.
L’avenir nous dira si cette réforme servira de catalyseur pour une transformation plus profonde du monde du travail et de la société ivoirienne.