35 ans, divorcée, trois enfants : je n’étais plus mariable.

Il y a dix ans, j’étais une femme brisée. Une ombre d’elle-même. Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour, Moi Carène Dagri , je connaîtrais un amour qui me ramènerait à la vie, je l’aurais traité de fou.

L’histoire d’un amour qui a mal tourné
Quand j’ai rencontré Walid, j’avais l’impression d’avoir décroché la lune. Il était tout ce qu’une femme pouvait rêver : beau, charismatique, intelligent, et avec ce charme du businessman comme on le dit chez nous à Abidjan  » Un bon petit Dioula  » qui réussit tout ce qu’il entreprend. D’origine libanaise, sénégalaise et ivoirienne, il portait en lui le mélange parfait de cultures. Moi, je suis Saoulé et Bété, un cocktail de feu et de passion. Nous étions fous amoureux.

Pinterest

Nous avons eu trois enfants en quatre ans. Trois magnifiques garçons. Nos débuts étaient idylliques, une vie dorée, des rires, des voyages, une complicité fusionnelle. Mais après la troisième année de mariage, tout a changé.

D’un homme aimant, il est devenu un étranger. D’abord, il a commencé par des reproches. Mon corps, que trois grossesses avaient marqué, était devenu un sujet de moquerie. « Regarde-toi, tu t’es laissée aller. » Il me comparait à ces femmes aux corps parfaits qu’il voyait sur Instagram. « Tu crois que c’est ça qui excite un homme ? »

Puis, il s’attaquait à tout. Ma cuisine, mon travail, ma façon de parler, même ma façon de faire l’amour. « Tu es fade, Carène. Tu crois que c’est comme ça qu’une femme garde son homme ? »

Insecure

J’ai essayé de comprendre. J’ai tout tenté. J’ai cuisiné ses plats préférés. J’ai changé ma garde-robe. J’ai accepté des choses au lit que je n’aimais pas, juste pour lui plaire. Rien n’y faisait.

Il partait de plus en plus souvent au Sénégal. Des semaines, puis des mois. Trois mois sans nouvelles, parfois. Et quand il rentrait, c’était pire. J’étais une femme éteinte, qui marchait dans sa propre maison sur la pointe des pieds. Puis un jour, il m’a regardée avec ce regard plein de dégoût et il m’a dit : « Je ne sais même pas pourquoi je suis resté avec toi. Tu n’es pas mariable. »

Le sol s’est ouvert sous mes pieds. Il m’a quittée. Comme ça. Sans remords. Sans regrets. Il a demandé le divorce et il est parti. J’avais 35 ans. Trois enfants. Et dans les yeux des autres, je n’étais plus qu’une femme finie. Le regard des autres, la honte, la solitude, je suis devenue un sujet de « gbairai  » dans mon quartier .

La femme abandonnée. La divorcée.  » Trois enfants à son âge, qui va encore vouloir d’elle ?  » Les hommes que je croisais ne me voyaient plus comme une femme. Juste comme une mère débordée. Et même moi, je ne me voyais plus comme une femme. Je survivais. Pour mes enfants.

La rencontre qui a tout bouleversé
Et puis un jour, au Sococé de Vallon, ma vie a basculé. Je faisais mes courses, la tête ailleurs, quand j’ai senti une présence derrière moi. Une voix grave, assurée :

« Excusez-moi, vous savez où se trouve le rayon des bananes pour l’alloco ? »

Je me suis retournée, interloquée.

Quelle question bizarre.

Un homme qui ne sait pas où trouver des bananes en Côte d’Ivoire ?

Et là, j’ai vu Claude Ismaël.

Idriss Elba

Un homme imposant, les tempes grisonnantes, des épaules larges qui inspiraient la sécurité. Il était élégant, on aurait dit, cet acteur américain Idriss Elba. Dans un costume bien coupé, et il sentait… mon Dieu, il sentait incroyablement bon.

Il a vu mon air surpris et a souri.

« Ça fait 13 ans que je ne suis pas rentré, je suis un peu perdu. »

J’ai trouvé ça touchant, mais j’ai fui. Lui, il n’a pas lâché. Il m’a traquée jusqu’à ce que je lui donne mon contact. Claude était venu en Côte d’Ivoire pour une mission avec la BAD. Il était ivoirien, mais avait passé toute sa vie en Angleterre. Un homme qui savait ce qu’il voulait. Et ce qu’il voulait, c’était moi. Mais moi, je ne voulais plus rien.

Il a fallu six mois. Six mois où il a patiemment déconstruit toutes mes peurs. Six mois où il m’a montré ce qu’était la douceur, la vraie. Six mois avant que je me laisse enfin toucher.

Et cette nuit-là, la première nuit dans ses bras, j’ai compris. Je n’avais jamais connu ça. Son regard qui me dévorait, ses mains qui me redessinaient, sa voix grave en anglais, celle qui me faisait chavirer :

« My sexy baby… You have no idea how beautiful you are. »

J’ai senti mon cœur exploser. J’ai redécouvert mon corps. J’ai redécouvert le désir. J’ai redécouvert ce que c’était d’être une femme, une vraie. Pas une femme qui doit supplier d’être aimée. Une femme qui est adorée.

La renaissance

Il m’a épousée. Moi, la femme soi-disant « non mariable ». Il m’a emmenée en Angleterre avec mes enfants. Et il les a aimés comme si c’étaient les siens.

Dix ans plus tard, je suis une autre femme. Je suis aimée, respectée, comblée. J’ai eu une fille avec Claude. Mais surtout, j’ai retrouvé celle que j’étais avant que Walid ne me détruise.

Alors à vous qui lisez mon histoire et qui pensez que votre vie est finie après un divorce, après une humiliation, après une trahison…

Sachez que la vie vous réserve toujours une deuxième chance et parfois, cette deuxième chance sent incroyablement bon.

Image de Daphnée Tano

Daphnée Tano

Content Manager / Responsable Edito ELLE Côte d'Ivoire

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